Il y a sans doute quelque chose qui tient du sacerdoce chez Cédric Villani. Déjà lauréat de la médaille Fields et directeur de l’Institut Henri-Poincaré à tout juste 39 ans, auteur d’un incontestable succès de librairie, Théorème vivant, paru en août 2012 chez Grasset (voir la note de lecture parue dans Tangente), ce mathématicien passionné ne s’ingénie pas moins à démontrer, presque chaque jour, à un public de plus en plus large, que la recherche mathématique est une belle histoire. Et qu’il appartient (aussi) aux mathématiciens d’en faire le récit, voire de se raconter eux-mêmes, s'il fallait encore prouver qu'ils sont — presque — comme tout le monde... Le pari était de taille : comment en effet, lorsqu’on côtoie les perfections de la sphère, pouvoir imaginer s’introduire au cœur des media, cette sphère un peu floue, dont le centre est partout et la circonférence nulle part ? Pari pourtant réussi par Cédric Villani, qui a même les faveurs de nombreuses émissions et publications qui n’avaient pas jusqu’alors pour habitude de mettre les mathématiques (ou les mathématiciens) à l’honneur.
Jugez-en plutôt : après avoir été reçu par Thierry Ardisson dans le magazine Salut les Terriens !, diffusé le 15 septembre dernier sur CANAL+ (qui l’avait déjà invité pour son Grand Journal en 2010), Cédric Villani partage des réminiscences de ses anciennes parties de ping-pong dans la rubrique en ligne « Obsession » du Nouvel Observateur, répond au « Questionnaire de Proust » de L’Usine Nouvelle, explique pourquoi « la science, dans le genre festif et convivial, c'est ce qu'on fait de mieux ! » dans un entretien pour le site de La Dépêche du Midi, et révèle enfin qu’il travaille en chaussettes, car « c'est plus agréable d’avoir un contact direct avec le sol », dans un article de L’Express.
Alors, les mathématiques, nouvelle star ?