À la fois mathématicien et philosophe engagé, on retiendra de lui qu’il a, en particulier, promu l’enseignement pour les filles, et voulu mettre l’instruction au service de la liberté. Dans le premier des Cinq Mémoires sur l’Instruction Publique, il écrit en effet : « L’homme qui sait les règles de l’arithmétique nécessaires dans l’usage de la vie n’est pas dans la dépendance du savant qui possède au plus haut degré le génie des sciences mathématiques. » Il est persuadé que cette science permet à la fois au citoyen de résoudre des problèmes concrets (c’est l’objet de sa « mathématique sociale ») et de développer son sens logique.
Lui qui faisait une grande différence entre l’éducation, qui pour lui devait être donnée au sein de la famille, et l’instruction, donnée à l’école, souhaitait fonder l’enseignement sur les sciences et sur les mathématiques. Dans son Discours sur les sciences mathématiques il va même plus loin en incluant les mathématiques dans l’éducation : « Quel bonheur pour [l’enfant], si, dans les premiers temps où il doit être soumis au devoir si pénible à cet âge de fixer son attention, ce devoir pouvait être allégé par ces soins que la tendresse maternelle sait employer avec tant de douceur ! Les premiers principes des connaissances perdraient toute leur sécheresse et toute leur austérité, s’il les recevait d’une voix si chère.Les premières notions de mathématiques doivent faire partie de l’éducation de l’enfance. Les chiffres, les lignes, parlent plus qu’on ne le croit à leur imagination naissante, et c’est un moyen sûr de l’exercer sans l’égarer. »