Le compas et la lyre
Joanne Brueton, Antoine Houlou-Garcia et Bernard Randé
Présentation
DescriptifCe livre participe à la question de l'écriture des mathématiques, de leur hermétisme, de leur inutilité aussi bien, qu'on la prenne au sens métaphysique de Blaise Pascal, ou au sens pragmatique de l'application que nous imposent aujourd'hui certains tenants des algorithmes.
Et je pourrais ici citer quelques phrases, involontairement à la Lautréamont, de quelques manuels présentant les Big Data comme la panacée.
Au contraire, dans ce livre s'impose la référence à Jacques Roubaud -poète et mathématicien et historien critique-, et l'allusion à Yves Bonnefoy. Il y a le parcours de la galerie de génies tels Galois. Et les réflexions de Leopardi, ou de Malherbe, parmi tant d'autres.
Cet ouvrage se débarrasse du genre de l'anthologie, pour accéder, grâce à trois voix bien différentes mais parallèles, à une réflexion qui n'évite pas la question de l'esthétique et du sublime, et n'en fait pas l'objet d'une dissertation imposée en classe de terminale. Est en jeu l'invention humaine, sa construction ou tout aussi bien sa découverte, mais en plus la façon dont l'inventeur aussi bien que le lecteur se les approprient. Avec le beau dilemme de savoir s'ils doivent se louer le résultat ou la façon de le trouver ou de le retrouver, problème qui touche chacun de nous, mathématicien ou non, poète ou non.
Note de lecture Tangente
Mathématiques et poésie, une même approche
Bernard Randé, mathématicien, Joanne Brueton, docteure en lettres modernes et Antoine Houlou-Garcia, lauréat du Prix Tangente et spécialiste des mathématiques de l’Antiquité, ont tous trois l’amour des lettres (ils ont écrit de nombreux articles et livres) et un regard d’une profonde bienveillance tant sur les mathématiques que sur la poésie, auxquels ils trouvent de nombreux points communs ou points d’attache. Comme l’indique Jean Dhombres dans sa préface, trois voix, bien différentes mais concordantes, mettent en jeu ces deux types de créations humaines, la façon de les transmettre et celle de les percevoir.
Leurs collaborations à ce livre sont d’une grande diversité, mais le sous-titre parle de lui-même : Regards croisés sur les mathématiques et la poésie.
Pour la plus grande partie des humains, la poésie comme la mathématique peuvent juste se faire entendre à l’extérieur du monde qu’ils fréquentent. D’autres personnes sont immergées… dans l’une d’entre elles en restant étrangers à l’autre. Enfin, il y a ceux qui se reconnaissent dans les deux, voire qui y ont consacré l’essentiel de leurs activités, comme Jacques Roubaud ou d’autres membres de l’Oulipo. À travers les textes et les innombrables citations d’écrivains, poètes, scientifiques et mathématiciens, on constate les approches différentes, voire opposées, que même des références célèbres ont pu avoir, certains clamant haut et fort le rejet de l’autre domaine, tandis qu’un petit groupe d’entre eux va jusqu’à affirmer sa double identité.
L’un des points de rapprochement est l’esthétique. La beauté de la poésie est reconnue, mais tous ceux qui se sont impliqués dans les mathématiques en ont vu ressortir des moments de beauté qui ont souvent été à la base de leur passion.
Plus largement, la mathématique, comme la poésie, sont une façon de percevoir le monde qui nous entoure, mais aussi de l’apprécier, même si elles ne mènent pas forcément à sa compréhension.