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Guide méthodologique pour
« Le testament de Newton » et
« les arcanes de la reine noire »

Le présent document a pour objectif de présenter le projet, conçu comme une activité interdisciplinaire maths/français dans le cadre des programmes de ces deux disciplines.
Vous y trouverez les guides pédagogiques maths et français qui indiquent les notions abordées.
Un extrait du premier chapitre du livre "Le testament de Newton" est également consultable en ligne.
Bien que les énigmes soient a dominante géométrique ou algébrique, l'essentiel du projet demeure littéraire, dans le sens ou il s'agit de faire lire les éleves, de les faire réfléchir, de toutes les manieres imaginables, par l'oral, l'écrit, le numérique, seuls ou en groupes, de les faire s'exprimer, d'attiser leur curiosité, enrichir leur vocabulaire, leur culture.
Il s'agit vraiment de donner envie de lire la suite, chapitre apres chapitre, a tous les éleves, quel que soit leur niveau. Il est alors intéressant de faire cours en commun, ce qui rythme la lecture, incite les interventions, dynamise la réflexion, et permet, au passage, de mieux gérer les groupes en phase de recherche (généralement par quatre, comme les héros, dans une salle adaptée). Apres tout, lire et comprendre sont des compétences transdisciplinaires par excellence.


 


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Chapitre 1  

Le soleil, immense boule d’or en fusion, frappe si fort cet après-midi-là que les quatre amis cherchent à tout prix de l’ombre où se réfugier. Baignades dans la rivière, balades en forêt, cache-cache endiablés, bref, les grandes vacances. Quel bonheur de se retrouver encore dans cette grande maison de famille de ce petit village normand, Beaumont-en-Auge, perdu dans le bocage !

« Ça vous dirait d’aller voir le manoir abandonné ? C’est juste derrière le bois… lâche Juliette, une belle et aventureuse jeune fille, au beau milieu du silence.
-   C’est quoi un… manoir ? bredouille Max.
- Je parie que c’est encore un manoir lugubre hanté par les spectres des anciens propriétaires, massacrés par un psychopathe armé d’une hache un soir d’hiver neigeux, n’est-ce pas ma chère Juliette ? raille Victor, lunettes au nez et le sourire en coin.
-   Ça se voit que vous n’êtes pas du coin, vous ! C’est juste le manoir de la famille Laplace mais le dernier propriétaire n’y vient quasiment plus et il y ferait bien plus frais qu’ici. Tu en penses quoi, toi, Alex ? demande Juliette.
-  Euh… oui, surtout si on peut y trouver un peu de frais !
-  Moi, ça m’tente bien aussi ! ajoute Max, surexcité.
-  Super ! Allez, suivez-moi ! » lance Juliette, qui s’enfonce avec détermination dans le bois sombre hérissé d’arbres gigantesques.

Après une dizaine de minutes de marche, les quatre amis d’enfance, songeurs et silencieux, à peine troublés par le bruissement des feuilles et la vision furtive du panache d’un écureuil, voient enfin apparaître, comme découpé dans le ciel azur, un vaste manoir sombre isolé protégé par un mur surmonté d’une grille aux pointes acérées.

« C’est bien beau tout ça, mais comment on fait maintenant pour passer ? ricane Victor.
- T’inquiète ! Venez voir… assure Juliette, qui, après avoir longé le mur sur une bonne vingtaine de mètres, débouche sur un pan partiellement effondré.
- On va vraiment rentrer ? tremble Max.
- Tu as peur ? titille Juliette.
- C’est pas ça, c’est que… c’est certainement une propriété privée, bafouille Alex.
- Arrêtez, vous n’êtes même pas cap ! »

Victor, Max et Alex se regardent, blessés dans leur orgueil.

«  CAP ! s’écrient-ils tous en même temps.
- Tant mieux ! » s’amuse Juliette tout en franchissant les briques écroulées.

Après quelques pas, la petite bande se retrouve face à l’immense bâtisse : un vieux manoir de briques rouges, flanqué de deux énormes tours, comme les deux canines d’une gueule géante. Les fenêtres sont fermées. Un frisson parcourt l’échine de chacun des jeunes aventuriers pendant qu’ils se rapprochent de la porte d’entrée : une large porte en bois massif au centre de laquelle pend un heurtoir en forme de crâne de bête. Une petite silhouette sombre s’étire de tout son long : un chat. Noir.

 

 

Le manoir

 « Il est trop chou ! » s’exclame Juliette en se dirigeant droit vers l’animal, qui, visiblement amusé, esquive, et de quelques petits soubresauts joueurs, s’éloigne en miaulant, comme pour les appeler. Et, curieusement, plus les amis avancent, plus le félin semble les fuir.

« Le premier qui l’attrape… verra bien ce qu’il gagne ! » défie Juliette, large sourire. Et chacun de se précipiter plus ou moins adroitement – excepté Victor, qui bougonne derrière ses larges lunettes, pendant que le chat zigzague sereinement puis, juste après avoir émis un dernier miaulement, pénètre dans le manoir par une ouverture discrète. Sans réfléchir, Max se jette à l’intérieur de la bâtisse.

« On ne peut pas le laisser seul là-dedans ! lâche Alex.
- Tu as raison, allons-y ! » s’enflamme Juliette, qui s’engouffre dans le manoir si vite que les autres n’ont plus d’autres choix que de la suivre. Max lui emboîte le pas et Victor, toujours aussi sceptique, ferme la marche.

Là, après avoir traversé l’ancien garde-manger et la cuisine digne d’un grand restaurant étoilé, tous les quatre se retrouvent, interloqués et émerveillés, dans un vaste hall majestueux couronné d’un lourd lustre de pampilles qui scintillent dans la demi-pénombre.

 

Le hall

Après avoir découvert et inspecté une par une les nombreuses pièces du rez-de-chaussée et des étages, leur étonnement n’ayant d’égal que leur fascination au fur et à mesure de leur pérégrination, Juliette, suivie du reste de la bande, s’arrête au pied d’un escalier qui mène certainement au grenier :

 « Oh ! Regardez, le chat vient d’emprunter cet escalier. Il faut absolument qu’on le suive, on ne peut pas le laisser et s’il restait coincé...
- Eh, ce chat a l’air de bien connaître cet endroit, je pense qu’il retrouvera son chemin,
répond Max en se retrouvant face au regard courroucé de sa jeune amie.
- Juliette a raison, et puis j’ai tellement envie de continuer la visite ! Regarde Alex, ce n’est pas un bougeoir sur cette marche au pied de l’escalier ? indique Victor, décidément le plus aventureux de toute la bande.
-  Tu as raison. Avec une boîte d’allumettes en plus, on va pouvoir s’éclairer ! »

Les quatre comparses montent lentement les marches qui les conduisent au grenier, éclairés par la seule lumière vacillante de la bougie tenue par Victor, qui ouvre la voie. Après avoir poussé la porte entrouverte, ils atteignent enfin le grenier.

« C’est une véritable boutique d’antiquités, s’exclame Juliette devant un énorme bric-à-brac de meubles anciens et d’objets hétéroclites enchevêtrés.
-  Dis plutôt une brocante, bougonne Max, toujours aussi ronchon. Ça fait des lustres qu’on n’a pas fait les poussières ici !
-   Allez, plutôt que de se disputer, soyons efficaces, plus vite on retrouve ce chat, plus vite on ressortira ! tente Alex dans un souci de médiation.

Et les voilà partis dans une fouille minutieuse aux quatre coins du grenier à la recherche du matou fugueur.

« Venez-tous voir ! lance Max.
-  Tu as retrouvé le chat ? demande Juliette.
-  Mieux que ça ! J’ai trouvé une malle remplie de déguisements ! Regardez ! »

Max s’avance alors, arborant fièrement une vareuse d’officier en drap bleu azuréen avec des épaulettes dorées ainsi que des aiguillettes de laine aurore, et la tête coiffée d’un splendide casque de dragon de la Garde impériale : l’effet est saisissant sur ses amis ! 

La malle

Délaissant alors la quête du félin facétieux, la petite bande s’adonne aux joies du carnaval et tout un chacun se déguise qui en militaire, qui en princesse. Victor, poussant plus loin ses investigations vestimentaires à l’intérieur de la malle, s’arrête soudain.

« Là, je pense avoir trouvé quelque chose d’intéressant » dit-il tout en brandissant un porte-document en cuir racorni et patiné.

Les quatre camarades se rassemblent alors au milieu de la pièce, autour de la bougie, et s’apprêtent à ouvrir cette sacoche, promesse hypothétique d’un trésor à venir. Par malheur, son contenu s’avère décevant : il ne dévoile que de nombreux feuillets anciens, griffonnés à la hâte, tous plus indéchiffrables les uns que les autres, ainsi qu’une enveloppe cachetée.

« Vraiment intéressant Victor ! lance Max, se redressant pour poursuivre son rôle d’officier napoléonien.
- Attends au moins d’ouvrir l’enveloppe ! lui répond Victor. Vous avez remarqué la beauté et la complexité du sceau, c’est sûrement quelque chose d’important ! »

Cependant l’intérieur de la lettre est tout aussi déconcertant : elle ne contient que deux pages de papier jauni.

 

Letter 1  

 

             letter 2

 « Qu’est-ce que c’est que ce charabia-là ? interroge Max. On dirait une lettre et une espèce de poème… Ça me rappelle ceux qu’on nous forçait à apprendre à l’école…
-  Maaax ! répondent de concert les trois autres apprentis aventuriers.
-  Bon, réfléchissons. L’ensemble de ces feuillets ressemble au brouillon d’un livre, cogite Victor. Cependant, j’ai beau essayer de lire quelques lignes, je n’y comprends rien du tout, ajoute-t-il dépité.
-  Attendez, attendez… Il me semble déchiffrer la signature. On dirait qu’il est écrit“Newton”, indique Alex.
-  Newton, Isaac Newton, a vécu à la fin du XVIIe siècle. C’était un philosophe, un mathématicien, un physicien, un alchimiste, un astronome et un théologien anglais, étale Victor, trop content de pouvoir montrer sa culture.
-  Ça va, c’est bon Victor !
-  Vous avez remarqué ce drôle de symbole au-dessus du poème ? ajoute Juliette pour recentrer l’attention. Malheureusement, il semble bien que le temps ait effacé toutes les écritures !
-  C’est bizarre… La lettre ressemble à une espèce de testament, comme si Newton se sentait menacé et qu’il craignait pour sa vie. Et puis cette drôle de phrase au bas de la feuille,ajoute Alex, on dirait qu’elle est écrite dans une langue étrangère…
-  Montre-moi ! » s’agite Max, qui arrache quasiment des mains de Victor la lettre de Newton.

Malheureusement, dans son empressement à la lire lui-même, Max trébuche au-dessus de la bougie et la flamme pourlèche l’énigmatique courrier.

« Fais donc attention ! lâchent en chœur les trois autres camarades. Max, tu es vraiment trop maladroit !
-  Bon ça va… Je n’ai pas fait exprès, répond Max, honteux.
-  Regardez, quelque chose est en train d’apparaître au bas de la feuille 
» remarque Alex

En effet, une succession de symboles cachés dans la texture même du papier vient de se révéler par réaction à la chaleur de la flamme : 

 

            

« Ça y est, j’ai trouvé ! s’exclame Max. Il s’agit d’une phrase codée !
- Gros malin, rétorquent les autres. Ça, c’est une grande trouvaille !
- Attendez, attendez, reprend Victor. Cela me rappelle quelque chose… Je me rappelle avoir lu dans mon magazine Tangente un article sur la cryptographie : c’est le codage de phrases à l’aide d’algorithmes mathématiques.
- D’algo quoi ? demande Max, qui décidément a beaucoup de mal à comprendre le langage de Victor.
Algorithme ! C’est une suite d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème. En fait, tout ce qu’il nous faut, c’est la clef du code et, grâce à la maladresse légendaire de Max, je pense que nous l’avons ! Rentrons, je dois encore faire des recherches sur Internet, ce message secret m’intrigue vraiment ! »

De retour dans leur maison de vacances, avant même de prendre un goûter réparateur, Victor fonce s’enfermer dans le bureau pour consulter l’ordinateur. Au bout de quelques dizaines de minutes, il en ressort victorieux et terriblement excité.

« Eurêka, j’ai trouvé sur le site Infinimath ! Regardez, j’ai réussi à découvrir la signification de la clef. Je me suis inspiré d’un des premiers codes de l’histoire, celui de César, il consistait simplement en un décalage de trois lettres dans l’alphabet sur la gauche. Celui-ci est plus complexe mais je pense avoir trouvé un code similaire sur Internet et j’ai imprimé la marche à suivre pour le décoder. »

Victor leur tend cette feuille d’imprimante 

 FIN DU CHAPITRE