Les partages successoraux dans l’Islam


Alexis Trouillot

Diviser un héritage peut sembler une question mathématique de faible intérêt. Pourtant, al-Khwarizm s’y est intéressé dans une grande partie de son œuvre car il y voit un terrain de jeu privilégié pour l’algèbre.

Les règles du droit musulman relatives aux héritages ont attiré l’attention des mathématiciens depuis des siècles.

Ce fut le cas, parmi d’autres, d’al-Khwārizmī (~780 - ~850) dont le nom est à l’origine du terme « algorithme ». Dans l’introduction de son livre d’algèbre, le premier du genre, il écrit « j’ai voulu [que ce livre] enferme ce qui est subtil dans le calcul et ce qui en lui est le plus noble, ce dont les gens ont nécessairement besoin dans leurs héritages, leurs legs, leurs partages », liant ainsi les règles islamiques de partages successoraux et les mathématiques.

 

Les fractions et le Coran

Ces règles concernant les partages sont basées sur un passage d’une sourate du Coran dite la sourate « Les femmes ». De ce passage, les légistes musulmans ont développé des règles qui définissent certains groupes d’héritiers comme recevant une fraction de la fortune. Ces groupes sont basés sur les liens familiaux au défunt et la présence d’un groupe peut en exclure un autre de l’héritage ou diminuer sa part. Par exemple, la femme du défunt reçoit légalement un quart de la fortune. En revanche, si elle est en compétition avec des descendants du défunt, sa part est réduite à un huitième. Ces héritiers « coraniques » reçoivent donc une ... Lire la suite


références

- Succession in the Muslim family. 
Noel J. Coulson, Cambridge, University Press, 1971.
- De la religion à l’algèbre : problème de partages successoraux selon les lois islamiques. 
Ezzaim Laabib, Bulletin de l’Association mathématique du Québec, décembre 1989.
- Al-Khwārizmī : le commencement de l’algèbre. Roshdi Rashed, Librairie scientifique et technique Albert Blanchard, 2007.

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