La rubrique « Affaire de logique »


Cassiopée Cunibil

« Affaire de logique » est une rubrique hebdomadaire du journal Le Monde tenue depuis 1997 par Gilles Cohen et Élisabeth Busser et pour laquelle ils ont obtenu, en 2000, le prix D’Alembert de vulgarisation mathématique décerné par la Société mathématique de France.

Ce prix récompense, tous les deux ans, « des actions remarquables de diffusion des mathématiques ».

En 2017, à l’occasion du problème numéro 1000 et du concours « Dans le mille », ils ont été rejoints par Jean-Louis Legrand (voir Tangente 179). À la suite de la disparition de Gilles, ses deux complices n’ont pas souhaité continuer la rubrique sans lui. Elle s’est donc arrêtée au problème no1267, paru le 22 novembre 2023.

Les problèmes ont fait l’objet de plusieurs recueils parus aux éditions POLE. C’est le cas notamment de L’Intégrale (2010), qui regroupe les cinq cents premiers problèmes avec les solutions commentées. La suite, L’Intégrale double, est actuellement en préparation.
 

 

Le premier d’une longue série

Le premier problème de la rubrique est paru dans le numéro du 19 janvier 1997. Il est intitulé « Désordre au bureau ». En voici l’énoncé :

« Un secrétaire a dérangé tous les dossiers du bureau. Le numéro de chaque dossier aurait dû correspondre au numéro de l’étagère sur laquelle il se trouve. Il faut vite les remettre en place avant que le directeur arrive. Mais les dossiers sont très lourds, et le secrétaire ne peut en déplacer qu’un à la fois, en le soulevant vers une étagère voisine (vers la gauche, la droite, l’avant ou l’arrière) à condition que cette dernière soit vide.

 

Homme pratique, il a trouvé la solution la plus économique, puisqu’il y est parvenu en un nombre minimal de déplacements. Faites aussi bien que lui ! Sauriez-vous prouver que le nombre de déplacements est minimal ? »

 

Prendre les problèmes par « le bon côté »

« Gilles, nous retiendrons de toi ton inépuisable énergie, la fulgurance de tes idées, la richesse de ton imagination, la passion que tu mettais dans tous tes actes, ton sens de la perfection, qui faisait que tu ne “lâchais jamais rien” avant que ce soit parfait. Nous garderons également en mémoire ta capacité à créer et animer des équipes, à les faire fonctionner dans la durée, afin de concrétiser tes nombreux projets.

Pour avoir beaucoup travaillé et échangé avec toi, j’ajouterai cette touche personnelle : si j’ai beaucoup apprécié ton amour de la vie, ton entrain, ton respect des autres, ta sensibilité et ta façon de dire les choses sans vouloir blesser, j’admirais surtout ta grande culture mathématique et ta perspicacité pour résoudre toutes les questions mathématiques, même les plus épineuses, ainsi que ta capacité à savoir prendre les problèmes “par le bon côté” pour que la résolution en soit limpide et, surtout, compréhensible par le plus grand nombre. »

Élisabeth Busser

 

« Gilles était bien sûr un grand connaisseur des jeux mathématiques et logiques, mais pas que… Il était également un vulgarisateur talentueux, capable d’écrire presque à la même vitesse que sa pensée. Toujours clairement, en prenant le point de vue du lecteur non averti, sous une contrainte forte de concision, en particulier pour la rédaction des solutions. L’originalité absolue des idées est difficile dans ce domaine. Mais Gilles avait le souci de bien identifier la source première, d’en proposer une variante ou une extension les plus éloignées possibles. Les centaines de rubriques accumulées constituent un véritable trésor pour qui saura les lire avec attention et les exploiter. »

Jean-Louis Legrand