Questions à Cédric Villani


Gilles Cohen et Bertrand Hauchecorne

Médaillé Fields 2010, membre de l'Académie des sciences, Cédric Villani est devenu un défenseur emblématique de la culture mathématique. Début 2017, suivant Emmanuel Macron et sa prise de pouvoir, il devient député de l'Essonne. Quel est l'impact sur la politique de cette plongée d'un grand mathématicien ?

Tangente : Mathématicien extrêmement brillant, vous avez obliqué vers la politique. Pensez-vous que votre culture scientifique peut influer de manière bénéfique sur l’élaboration de certains textes de lois ?

Cédric Villani : Aujourd’hui, nombreux sont les sujets politiques qui réclament une forte analyse scientifique. Que ce soit dans le domaine de l’écologie, mais aussi de l’éducation, ou encore de la souveraineté technologique de l’Europe, ou bien sûr de la stratégie face à la pandémie de Covid-19, le politique a besoin de l’éclairage du scientifique. C’est mon ambition d’y contribuer, mais aussi de réfléchir à la bonne articulation institutionnelle entre ces deux sphères. Cela fait partie des missions de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques), que je préside. On a parlé sciences dans l’évaluation de la stratégie vaccinale, dans la loi pour la recherche, dans la loi sur la maltraitance animale, mais aussi dans la convention citoyenne sur le climat et dans bien d’autres objets de débat politique récent.

 

Comment vos collègues députés vous perçoivent-ils ? Pensent-ils que vous pouvez leur apporter un éclairage sur des textes s’appuyant sur des statistiques, par exemple ?

Quand je suis arrivé à l’Assemblée nationale en 2017, j’étais un peu vu comme une bête curieuse… Les temps ont changé et ma ... Lire la suite