Éloge des mathématiques
Alain Badiou
Présentation
Pourquoi entreprendre un éloge des mathématiques lorsque l'on soutient, comme Alain Badiou, que toute philosophie est avant tout une métaphysique du bonheur, ou bien qu'elle ne vaut pas une heure de peine ? Quel lien peut bien exister entre mathématiques et bonheur ?C'est précisément l'enjeu de ce dialogue, qui se présente comme une introduction très accessible à ce que sont les mathématiques, et explore l'influence décisive qu'elles ont toujours exercée sur les plus grands philosophes.
Loin d'être l'exercice ingrat et vain qu'on imagine, les mathématiques et la logique sont d'irremplaçables guides pour se défaire des opinions dominantes et rendre possible un accès aux vérités, ou à quelque expérience humaine dont la valeur soit absolue.
Voilà pourquoi les mathématiques pourraient bien être le chemin le plus court pour la vraie vie, laquelle, quand elle existe, se signale par un incomparable bonheur.
Note de lecture Tangente
Le plaidoyer d'un philosophe pour les maths
C’est à un véritable plaidoyer, sous la forme d’un entretien entre Gilles Haéri et le philosophe Alain Badiou, pour une mathématique heureuse qu’on se livre dans cet ouvrage réconfortant sur les mathématiques, leur avenir et leur enseignement.
Le philosophe, résolument engagé à gauche, souhaite dans ses ouvrages comme dans ses actes donner un sens à la métaphysique, opérant une vaste synthèse entre le monde et l’être, dans une vision très largement platonicienne fondée sur les mathématiques. Cette préoccupation transparaît tout au long de ces cinq chapitres revigorants : il réussit à nous convaincre que « les mathématiques sont en dialectique serrée avec la philosophie » parce qu’elles combinent de façon singulière l’intuition et la preuve.
Tout en écorchant au passage ses collègues philosophes, les hommes politiques ou les pratiques de l’enseignement, il nous amènerait presque, dans la plus pure ligne de Platon, à croire que les mathématiques sont le plus court chemin vers la « vraie vie », c’est-à-dire, pour lui, le bonheur. On fait ici le tour non seulement des relations de couple, de Descartes à Poincaré, entre mathématiques et philosophie, mais on aborde aussi de nombreux autres problèmes, comme celui du lien entre mathématiques et langage, de la nature philosophique de la pensée mathématique ou, carrément, le partage qui se fait à l’école entre « la minorité des “bossus” et la masse des autres ». Ah, la fameuse « bosse des maths » !
Il ressort cependant de la lecture de ce livre d’une lucidité parfois grinçante un formidable message d’optimisme pour la pratique des mathématiques, que l’on devrait fréquenter, comme la philosophie, nous dit Alain Badiou, dès la dernière année de maternelle, car elles nous font « oublier nos limites pour toucher lumineusement à l’universalité du vrai ».