Les jeux de société qui se prêtent le plus naturellement à une étude théorique sont les « duels de réflexion pure à information complète », où les deux joueurs disposent de toute l’information à chaque instant sans faire appel au hasard : les échecs, les dames, les jeux de Nim… La théorie des graphes permet le plus souvent de les représenter.
Dans le cas de l’information incomplète, c’est l’intervention du hasard ou l’asymétrie de l’information disponible par les joueurs qui fait la différence. Les jeux de lutte et de coopération en sont une illustration.
Mais la théorie des jeux ne s’applique pas… qu’aux jeux ! Vivre dans une société organisée suppose d’accepter des règles communes et de les respecter. De là à créer un monde imaginaire respectant la gestion de ces règles, il n’y a qu’un pas, qui fait de cette théorie une composante essentielle de notre société. Elle permet de modéliser des problèmes de la vie courante qui gagneraient parfois à être reformulés dans ce contexte. Les ventes aux enchères, les décisions politiques, le comportement face aux embouteillages, et même les stratégies militaires, illustrées par le désastre de Waterloo, en sont des exemples.