Ce petit ouvrage ne demande pas d’abandonner le principe de précaution, issu de préoccupations environnementales a priori non déraisonnables, mais cherche à mettre en évidence les origines et les méfaits de l’idéologie « précautionniste ». Les auteurs, sociologues spécialistes des croyances collectives, nous offrent une nouvelle approche de ce sujet polémique en expliquant certains fonctionnements de l’esprit humain, ses biais cognitifs, sa surestimation des faibles probabilités, une attention aux coûts plutôt qu’aux bénéfices. Ils montrent les dérives les plus inquiétantes de ce principe, devenu constitutionnel, qui a transformé la vertueuse prudence en loi d’impuissance. Pourquoi choisissons-nous l’inaction face à l’incertitude ? Pourquoi le discours scientifique n’a-t-il pas de poids ? Quelle est la responsabilité des médias dans la perception du danger par le public ? Alors que notre espérance de vie a augmenté de vingt-deux ans en soixante ans, des « CRII » (Comités de recherche et d’information indépendantes, tels CRIIRAD, CRIIREM, CRIIGEN…) rejettent la présomption d’innocence, au cœur de notre système législatif, et condamnent sans preuves, au nom d’un nouveau populisme. Les multiples points de vue, législatif, économique, psychologique, scientifique et politique alimentent très utilement le débat sur ce principe de précaution qui est « un test idéal pour mesurer l’envergure du politique car il s’agit de voir s’il est des décideurs qui sont capables, pour servir l’intérêt général, de s’élever contre une forme particulièrement redoutable de l’opinion publique ». Mais ce n’est pas tant le principe de précaution qui est nuisible que son excès, conséquence d’un mépris de la quantification, car comme le disait déjà Paracelse : « Rien n’est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison. »