Les écrits de Poincaré sur la découverte mathématique ont donné lieu à un travail d’interprétation considérable. Son texte l’Invention mathématique (Science et Méthode, livre premier, chapitre 3, Flammarion, 1908) est devenu une référence obligée. Ce qui est moins connu, en revanche, c’est l’étude clinique de sa démarche intellectuelle, rédigée par le Dr Toulouse, un psychiatre reconnu au début du XXe siècle (voir encadré).
Une analyse clinique
Le médecin cherche en effet à cartographier le génie humain et à rendre compte du processus d’invention. Henri Poincaré est le candidat idéal. Les remarques introductives sont de ce point de vue éclairantes : « M. Poincaré est un spéculatif type, qui s’intéresse médiocrement aux choses extérieures au travail de la pensée […]. Il n’a jamais aimé les exercices musculaires (sauf la marche, qui est automatique), les jeux (même dans son enfance), et généralement toutes les choses de la vie pratique. » Et de conclure : « La période d’attention volontaire [est chez M. Poincaré] particulièrement courte lorsque l’intérêt n’est pas fort. » Même si l’on doit prendre cette analyse clinique avec beaucoup de précautions, et même si la psychologie du début du siècle est encore empreinte de nombreux préjugés, le Dr Toulouse dresse un portrait « plutôt ...
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