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Kumon, une méthode parascolaire

Cassiopée Cunibil

Il existe plus de 24 800 centres Kumon dans le monde. Spécialisés dans l'apprentissage des maths et de l'anglais, ils offrent une réponse individualisée basée sur la pratique.

Les maths à son rythme

Une salle claire et fonctionnelle à Boulogne, à deux pas du pont de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Samedi, 15 h, une dizaine d’enfants de tous âges sont répartis devant les tables. Chacun est concentré sur ses fiches. Deux adultes supervisent le travail, corrigeant en temps réel et répondant aux sollicitations. Mais les fiches sont conçues pour être comprises en autonomie et les enfants s’en sortent plutôt bien. Une toute petite fille passe la porte, se débarrasse de son manteau, récupère la pochette à son nom et vient s’installer sur du mobilier à sa taille. Elle commence à tracer des nombres, sous l’œil de l’assistante. Les fiches s’enchaînent en un temps record. À la fin de l’exercice, elle est autorisée à récupérer un damier avec des pions magnétiques représentant des nombres de 1 à 100. La tâche consiste à placer tous les nombres sur leurs cases respectives. La petite fille semble se passionner pour l’exercice, dont elle viendra à bout vingt minutes plus tard. Elle a 3 ans. À aucun moment un adulte ne vient lui expliquer que les nombres peuvent se situer grâce aux lignes et aux colonnes. C’est une découverte qui lui appartient. Dans trois jours ? une semaine ? un an ? C’est tout le travail des instructeurs : être capable de doser le travail en fonction du moment et se retenir d’interférer avec le rythme de l’enfant.

Pendant ce temps, sur une autre table, un garçon de 10 ans termine sa fiche sur les puissances. Certains sont sortis, d’autres sont arrivés. Toujours dans le calme, ils récupèrent le travail du jour et les fiches à faire chez soi, puis s’installent pour 30 à 45 min.

 

La méthode de Toru Kumon

C’est pour aider son fils que l’enseignant japonais Toru Kumon (1914–1995) met au point une méthode d’apprentissage à base de fiches d’exercices progressives (celles utilisées dans les centres vont des bases de la numération au calcul différentiel et intégral, en passant par les fractions ou les relations trigonométriques). L’objectif est d’aider l’enfant à développer au maximum son potentiel en lui permettant d’apprendre à son rythme. Il est donc très important de savoir déterminer à tout moment son juste niveau : un niveau de confort dans ses capacités, où il est réceptif pour de nouvelles découvertes. C’est le rôle de l’instructeur, qui adapte ainsi le travail proposé. Le but recherché est de développer l’autonomie, la capacité à l’auto-apprentissage, l’organisation et la confiance en soi.

Les enfants qui viennent dans un centre Kumon sont tous volontaires. Certains le font pour combler des lacunes, ou pour regagner confiance en leurs capacités. D’autres ont largement dépassé le niveau de leur classe.

 

Des centres partout dans le monde

Il existe 24 800 centres Kumon dans le monde, répartis dans plus de cinquante pays. Certains sont de petites structures qui n’accueillent pas plus d’une douzaine d’enfants simultanément. En France, deux centres viennent d’ouvrir. Chaque centre, « franchisé », est indépendant. Les candidats instructeurs qui décident de créer leur centre doivent d’abord passer des tests pour vérifier leur niveau en maths et en anglais ainsi que leur appétence pour la pédagogie. Une formation de plusieurs jours permet de vérifier qu’ils sont bien d’accord avec la philosophie Kumon : laisser l’enfant découvrir à son rythme, ne pas lui imposer sa propre méthode, être capable de déterminer son niveau exact et ses besoins par une observation bienveillante et attentive, savoir repérer l’évolution d’un enfant. Des visites de centre et études de cas sont organisées. L’acceptation est loin d’être automatique. Et les formations continues sont obligatoires pour continuer à diriger un centre.