Le pédagogue espagnol Francisco Ferrer (1859-1909) connut un destin tragique : condamné à mort après un simulacre de procès, il fut exécuté pour des faits dont il était innocent. Quelques années plus tôt, il avait créé l'« école moderne », un enseignement laïc, ouvert à tous, mixte et basé sur les principes du libre examen (voir Tangente 144, 2012).
Il rompait ainsi avec un enseignement entre les mains exclusives de l’Église, qui privilégiait une transmission de savoir sous forme de recettes et de principes érigés en axiomes de vie. Ferrer entendait développer des compétences, favorisant l’acquisition d’une autonomie de pensée, de recherche et de décision. Les enfants jouissaient d’une grande liberté de parole et de mouvement, étudiant individuellement, selon leur rythme, dans une ambiance sereine, sans compétition, sans examen ni classement, sans récompenses ni punitions. Le travail collectif développait l’esprit de solidarité et les pédagogues intervenaient peu, laissant aux élèves le soin de faire le premier pas et de les solliciter, le tout dans un esprit de respect mutuel et de cordialité. L’« école moderne » de Ferrer n’était pas gratuite, chaque famille y contribuant en fonction de ses revenus, ce qui assurait mixité sociale et accès à l’éducation pour tous.